GÉRAUX Arnold, Raymond, Léon
Le père d’Arnold Géraux, cantonnier auxiliaire aux chemins de fer sur l’acte de naissance, figurait sur les listes électorales de l’Ile-Saint-Denis comme » porteur de pain » né à Amiens en 1876. Sa mère était manouvrière.
Charretier puis aide-comptable, militant communiste de l’Ile-Saint-Denis, petite commune de la banlieue nord du département de la Seine marquée par la forte présence de mariniers, Arnold Géraux fut, très jeune, tête de liste aux élections municipales des 5 et 12 mai 1929. Les suffrages se répartirent ainsi aux premier et second tour : Union républicaine (252 ; 266 voix de moyenne) 21 élus, socialistes SFIO (236 ; 244 voix) deux élus ; communistes (229 ; 220) aucun élu. Ainsi les partis se réclamant du mouvement ouvrier, largement majoritaires en voix, laissaient par leurs divisions la municipalité à une liste de droite et de centre-gauche. La ville avait été conquise par les socialistes en 1919 puis perdue en 1925. Voir Joseph Delouard, maire.
Aux élections législatives du 1er mai 1932, Arnold Géraux fut candidat communiste dans la circonscription de Bressuire (Deux-Sèvres). Il obtint 407 voix sur 21 875 suffrages exprimés. Auguste Gillot décrit ainsi celui qui, en 1934, était le trésorier du rayon de Saint-Denis et du journal l’Emancipateur : » Notre trésorier était un excellent militant de l’Ile-Saint-Denis, Arnold Géraux. Il disait : ’Travailler dans la commission du journal, c’est une vraie école. ’ » D’après le Journal de Saint-Denis, aux élections municipales des 5 et 12 mai 1935, la liste Géraux recueillit environ 247 voix au premier tour contre 327 voix à celle du maire sortant Heulle. Géraux (395 voix) et trois autres communistes (Roger Bussier, Anatole Delgorgue, Henri Hottot) entrèrent au conseil au second tour, Géraux se plaçait en deuxième position sur vingt-trois élus.
Trois d’entre-eux assistèrent à une séance orageuse du conseil le 27 octobre 1939 ; le quatrième, Roger Bussier, était mobilisé. Selon le procès-verbal officiel : » Sur le point de déclarer la séance du conseil municipal ouverte, Monsieur le Maire (Heulle, républicain de gauche) exprime son embarras à s’y résoudre, car certains membres du conseil ont perdu, à ses yeux, leur qualité de citoyens français par suite de leur attitude approuvant la complicité traitresse » Hitler-Staline « , envers notre Patrie. A cela, Monsieur Géraux, chef de cellule de l’ex-parti communiste déclare que ses amis du conseil et lui-même n’ont pas renié leurs opinions et qu’ils attendent la libération de leurs députés, actuellement incarcérés, pour recevoir leurs directives. Cette déclaration souleva l’indignation très vive des membres de la majorité du conseil. Devant cette réprobation, les conseillers minoritaires durent quitter la salle, après quoi le conseil entra en délibération. «
Le conseil de préfecture déchut Géraux et ses trois amis de leur mandat pour appartenance au Parti communiste, le 9 février 1940. Arrêté, il était détenu au centre de résidence forcée de Baillet en mars 1940. Les rapports préfectoraux indiquent qu’il connut ensuite la déportation en Algérie mais l’Humanité du 5 juillet 1965 donna, à l’occasion de son décès, une version différente : » il était vétéran de notre Parti et avait été déporté dans les camps de la mort pendant la Seconde Guerre mondiale « .
Désigné membre de la délégation spéciale (conseil municipal provisoire) par arrêté préfectoral du 27 octobre 1944 (5e/22), il devint premier adjoint communiste en 1945 puis maire en 1947 (le socialiste élu se désista pour lui). Réélu en 1953 et 1965, il conserva cette fonction qu’il conserva jusqu’à son décès en juillet 1965. Pierre Sotura lui succéda, puis Josiane Andros. Arnold Géraux s’était marié le 7 juillet 1948 à l’Ile-Saint-Denis avec Denis Desgranges, originaire d’Oradour (Vienne).
Claude Pennetier
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