APPÉRÉ Irénée, Jean, dit aussi René

Né le 5 janvier 1913 à Dreux (Eure-et-Loir), fusillé à Paris le 21 octobre 1942 ; peintre en bâtiment ; militant communiste ; syndicaliste ; combattant des Brigades internationales ; résistant.

Fils d’un employé de chemin de fer décédé en 1927, Irénée Appéré commença à travailler à l¹âge de quinze ans et devint peintre en bâtiment puis peintre décorateur. Il fut caporal chef dans l’infanterie lors de son service militaire qu¹il fit comme engagé volontaire, à dix-huit ans, pendant dix-huit mois. Domicilié à Colombes (Seine), il adhéra au Parti communiste en novembre 1936 et participa rapidement au bureau de section.

Lorsqu¹il avait adhéré au Parti communiste, Appéré militant depuis longtemps dans les syndicats. Il avait beaucoup de camarades communistes et avait participé aux grèves de juin comme délégué principal au comité de grève et devint délégué du personnel. Il appartenait à la cellule du Stade, section de Colombes où il était chargé de la rédaction du journal de la section et de faire appliquer les décisions prises pour le fonctionnement de la section syndicale. Dans son autobiographie du 12 mai 1937, Appéré déclarait en réponse aux questions 40 et 42 (sur les oppositions, en particulier trotskyste), être ³ dans l¹impossibilité d¹y répondre parce que trop jeune ². La commission des cadres marqua d¹une croix ce passage, traduisant peut-être son étonnement d¹autant plus qu¹il y avait une réponse aux questions sur Doriot et Ferrat. Appéré suivit une école élémentaire du parti puis l¹école des cadres de sa section. La liste de ses lectures révélait un souci de connaissances puisqu¹il commença par Platon et Confucius avant de lire les classiques du marxisme conseillés par son école de cadres.

Syndicalement, il militait au syndicat CGT des peintres comme membre de la commission central de contrôle. Salarié des Etablissements Laboureau (Paris) pendant sept ans, délégué du personnel, il fut licencié le 16 février 1937. Il était fin 1937-début 1938, secrétaire permanent de l’Union locale CGT de Colombes rémunéré 1500 F par mois. Il assurait la trésorerie de la Maison de la technique de Colombes et adhérait à Radio-Liberté.

Il vivait maritalement avec une femme d’origine espagnole, dont il avait eu une fille, Dolores, en avril 1936, lorsqu’il se porta volontaire dans les Brigades internationales (cette information ne figure pas dans son autobiographie de mai 1937). Il arriva en Espagne le 26 février 1938 et fut affecté à la 14e Brigade « la Marseillaise ». Fait prisonnier par les forces franquistes, probablement dans le secteur de Caspe (Aragon) en mars 1938, il fut libéré avant février 1939. Sous l’Occupation, Irénée Appéré entra dans la résistance (dans un groupe qui prendra plus tard le nom d’Organisation spéciale), en janvier 1941 et devint chef de détachement. Il se maria en février (XIXe arr.) à Paris et eut un deuxième enfant, Alain. Pendant l¹été 1941, il était responsable aux cadres pour tout Paris mais spécialement chargé de Paris-Ouest et responsable du groupe Valmy. C¹est lui qui prépara avec Jean Chaumeil la liquidation physique de Marcel Gitton qui fut exécuté par Focardi le 4 septembre 1941 aux Lilas.

Résistant en Région parisienne, sous les ordres du commandant Raymond Losserand, il était lui-même en janvier 1942 commandant FTPF de la région Nord de Paris, sous le pseudonyme de « Prevost ».

En janvier 1942, il fut porté au grade de sous-lieutenant par le Commandement militaire nationale des FTP. A partir de cette date, il assurait la fonction de commandant FTP de la région Nord de Paris sous le pseudonyme de « Prevost ». Il aurait alors eu sous ses ordres un effectif de quarante hommes. Le 16 mai 1942 a lieu une opération de police de grande envergure qui permet l¹arrestation d¹une cinquantaine de combattants FTP et la saisie d¹un important arsenal. Parmi les personnes arrêtées se trouvent notamment Raymond Losserand, France-Bloch-Serazin et Irénée Appéré. Ce dernier est immédiatement mis au secret à la Santé, condamné à mort le 30 septembre, et fusillé à Paris le 21 octobre 1942. Il est inhumé au cimetière d’Ivry (Div. 39, ligne 1, tombe 57). Déclaré « Mort pour la France »à la Libération, ses enfants furent adoptés par la Nation. Dans les années 1960, sa fille vivait en Espagne.

Rémi Skoutelsky

SOURCE : Eugène Kerbaul, 1640 militants du Finistère, Bagnolet, 1988. ‹ Arch. RGASPI, Moscou, 495 270 2306, autobiographie du 12 mai 1937 (dossier personnel consulté par Claude Pennetier), 545/6. ‹ Arch. Préf. de Police, BA 1664, Révolution espagnole. ‹ Secrétariat d’État des Anciens combattants et victimes de guerre. ‹ Albert Ouzoulias, Les Bataillons de la Jeunesse, p. 124 (il l’appelle Aperret par erreur). ‹ Notes d’Emmanuel Debono.

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