GAUTRIN-GIOT Émile, dit aussi Hippolyte GIOT
Giot était fils d’un chapelier. Le 18 mars 1870, il assista à la réunion au cours de laquelle s’élabora le projet des statuts de la Fédération parisienne de l’Internationale, projet qui fut adopté le 19 avril. Avec Chouteau* et Delvincourt, Giot représentait la chambre syndicale des ouvriers peintres adhérente à l’Internationale. Il appartenait également au Cercle des Études sociales, autre section de l’Internationale (cf. Dict. Maitron, t. IV, p. 53).
Fin avril 1870, la police de l’Empire, qui préparait le plébiscite du 8 mai, arrêta les principaux dirigeants de l’Internationale sous la double inculpation de complot et de société secrète. Robin*, qui rédigea la protestation, et ses camarades du Conseil fédéral parisien, dont Giot faisait partie, s’élevèrent publiquement contre cette accusation et revendiquèrent pour l’Internationale le droit d’être la » conspiration permanente de tous les opprimés et de tous les exploités » (La Marseillaise, 2 mai 1870). voir Berthomieu*. Inculpé dans le troisième procès de l’Internationale, Giot fut, le 8 juillet 1870, renvoyé de la prévention d’avoir appartenu à une société secrète, mais convaincu d’avoir, à Paris, fait partie de l’AIT non autorisée ; il fut condamné à deux mois de prison, 25 F d’amende, la durée de la contrainte par corps étant fixée à quatre mois. voir Varlin*.
On ne trouve pas trace de Giot sous le Siège et pendant la Commune.
Par la suite, Giot habita Draveil, et sa propriété fut voisine de celle de Paul Lafargue*. Il était devenu charcutier, ce qui explique sa spécialité de » tuer le cochon » chez le gendre de Marx qu’il aidait également comme jardinier.
Giot avait adhéré au POF. Il fut délégué à ses congrès de 1894, 1897, 1898, 1899, 1900, 1901, 1902, ainsi qu’au congrès de Parti socialiste de France à Lille (1904), Émile Gautrin-Giot participa au congrès d’unité de Paris (avril 1905) où il représentait les groupes isolés. La Fédération socialiste SFIO de la Seine le délégua aux congrès nationaux de Chalon-sur-Saône (octobre 1905) et de Nancy (1907), et celle du Nord au congrès de Limoges (1906), Toulouse (1908), Saint-Étienne (1909), Nîmes (1910), et Saint-Quentin (1911). Il vint vivre à Ivry-sur Seine pour soutenir la municipalité guesdiste mais il n’en fit pas partie.
Jardinier, il fut élu conseiller municipal de Bondy, en mai 1908 (voir Isidore Pontchy*) mais démissionna le 30 novembre 1909. Devenu » rentier « , il fut réélu le 7 décembre 1919 (6e sur 23) et le 3 mai 1925 (2e sur 27). Pontchy le prit comme premier adjoint de mai 1925 à mai 1929. Il avait acquis une propriété à Bondy après avoir gagné un gros lot de la Loterie nationale. Cette propriété était pourvue d’un étang dans lequel Guesde* venait pêcher. Giot se fixa finalement dans un pavillon de Viroflay, non loin de celui de chez Gabriel Deville*. Il y vivait avec Mme Pouzier et fréquentait beaucoup son voisin, le camarade Trant*, retraité de l’Imprimerie nationale, qui fut candidat député socialiste en Seine-et-Oise. Giot fut secrétaire de la section de Viroflay du Parti SFIO.
On s’assure, d’après une série de lettres qu’il adressa à Lucien Roland* et qui s’échelonnent de 1928 à 1933, qu’il resta ferme sur ses positions guesdistes, malgré la neige des années. Il allait dans les manifestations à Paris et posait des » colles » aux candidats qui n’étaient pas du Parti socialiste dans les élections législatives. Toutefois, dans le Parti, il trouvait qu’il y avait » trop de m’as-tu-vu « . Il reprochait aussi au Parti de perdre son temps » à peloter les radicaux « . Il mourut à Viroflay, et ses enfants, qui n’avaient pas ses idées, le firent enterrer à l’église.
Claude Pennetier et Justinien Raymond
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