ROSENBLATT Michel
Le père de Michel Rosenblatt, ouvrier puis artisan tailleur pour hommes, était originaire d’une famille juive résidant dans une bourgade alors située dans l’empire austro-hongrois et qui appartint ensuite à la Pologne, puis à l’Ukraine. Il en émigra pour Berlin, puis Paris où il épousa la mère de Michel Rosenblatt, issue elle aussi d’une famille juive de Pologne et Lituanie, mais née en France. Sténodactylo, elle cessa de travailler à la naissance de son second fils et milita dans les années trente au mouvement Amsterdam – Pleyel et après la guerre au PCF. Le père de M. Rosenblatt, sympathisant communiste, ne put obtenir la nationalité française malgré plusieurs demandes et quand il s’engagea en 1939 pour la guerre il fut versé dans l’armée polonaise du général Anders repliée en France. Michel Rosenblatt fut influencé dans son parcours militant par sa grand’mère maternelle qui l’emmena à sa première manifestation lorsqu’il avait huit ans.
La famille Rosenblatt résidait à Montfermeil depuis les années trente dans une maison qu’elle y fit construire. Michel Rosenblatt obtint son certificat d’études primaires en 1939 et prolongea sa scolarité d’une année au cours complémentaire. Puis, les persécutions antisémites le contraignirent avec sa famille à quitter Montfermeil et à se réfugier dans la clandestinité avec de faux papiers à la cité de la Butte rouge de Chatenay Malabry (Seine devenue Hauts- de- Seine). Après une année dans une école d’ajustage dans le quartier des Buttes Chaumont à Paris, il entra chez un artisan où il apprit le travail des métaux et devint mécanicien en machines de bureau. Il travailla surtout dans de petites entreprises sauf de 1950 à 1954 chez Remington d’où, membre du comité d’entreprise, il fut licencié avec tout le bureau syndical CGT à la suite d’une grève.
Michel Rosenblatt avait adhéré aux Jeunesses communistes à la fin de 1944 et au PCF en 1945. En 1950, il était secrétaire du cercle des J.C. de Montfermeil où il était revenu en 1949 (la maison familiale avait été pillée). Il fut alors arrêté à la suite d’une distribution mouvementée de tracts contre la guerre d’Indochine et resta emprisonné pendant six semaines.
Il se maria le 2 juin 1951 à Clichy sous Bois avec Jeanne Renée Goubeaux, secrétaire médicale à l’hôpital de Montfermeil et elle aussi militante. Ils ont eu deux filles.
En 1953, Michel Rosenblatt fut élu conseiller municipal de Montfermeil dont il devint premier adjoint en 1959 en même temps que secrétaire de la section du PCF. De 1962 à 1969, il fut membre du comité fédéral du PCF (de Seine-et-Oise, Seine-et-Oise nord, puis, en 1968, de Seine-Saint-Denis, au sein de la commission de contrôle financier).
En 1964, il devenait journaliste et permanent comme rédacteur, puis directeur de l’hebdomadaire départemental du PCF, la Renaissance de Seine-Saint-Denis et le resta jusqu’en 1970. Il avait suivi une école centrale du PCF pendant un mois.
En 1964, il se présentait aux élections cantonales, les dernières pour le département de Seine-et-Oise avant sa partition, mais ne put battre le député UNR Raymond Valenet, très bien implanté. Michel Rosenblatt fut élu conseiller général de Seine-Saint-Denis en 1967 dans le nouveau canton de Montfermeil au deuxième tour avec 51,86% des suffrages exprimés face à deux candidats (Cinquième République et Centre démocrate).
Il devint maire de Montfermeil en janvier 1970 à la mort de son prédécesseur Henri Vidal et sa liste d’union de la gauche fut confirmée aux élections municipales de 1971 avec 51, 11% des suffrages exprimés. 8Il fut réélu en 1977.
Durant ses mandats municipaux, la ville connut une croissance démographique exceptionnelle de 156% (8 271 habitants en 1954, 21 178 en 1968). Elle changeait aussi de physionomie. A un habitat pavillonnaire se juxtaposait un ensemble de cités habitées par des populations de plus en plus déshéritées. En 1965 était bâti le grand ensemble des Bosquets de 1 500 logements et d’autres plus réduits. De plus, la zone pavillonnaire, lotie sur de grandes propriétés morcelées, s’accroissait. Michel Rosenblatt se souvient d’avoir accordé jusqu’à 120 permis de construire par an dans ce secteur. Les charges de la commune étaient donc très lourdes. En 1953, environ un tiers de sa superficie était encore sans adduction d’eau .Il fallait créer un réseau d’assainissement, inexistant jusqu’alors. C’est l’époque où virent le jour les autres équipements, notamment scolaires, sportifs, sanitaires indispensables à une population qui avait presque triplé. Il fallait aussi, en prévision de l’avenir, constituer rapidement un patrimoine foncier et résister aux appétits des promoteurs. Il fallait aussi créer les autres équipements notamment scolaires et sportifs pour cette population nouvelle. Mais surtout, Michel Rosenblatt estimait indispensable d’assurer des services sociaux, notamment cantines et colonies de vacances à des bénéficiaires de moins en moins solvables. Cela entraîna des tiraillements au sein de son bureau municipal avec ses camarades, surtout enseignants qui voulaient donner la priorité au confort de la ville. Il démissionna de son poste de maire en 1978 et ne se représenta pas aux élections cantonales de 1979. Il reprit alors sa profession de réparateur de machines de bureau jusqu’à sa retraite en 1988. Il devait ensuite ne pas reprendre sa carte du PCF , estimant que celui-ci s’éloignait de la classe ouvrière, mais en est resté très proche.
Nadia TENINE MICHEL
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